poursuivre mes travaux dans un ordre plus méthodique et avec des moyens plus complets de démonstration, qui indiqueront mieux l’idée générale vers laquelle converge l’ensemble de mes efforts. En attendant, c’est pour moi un bien précieux encouragement d’être approuvé et loué par un savant tel que vous. Vos travaux vous ont acquis un grand nom et vous ont placé au premier rang des expérimentateurs de notre temps. C’est vous dire que l’admiration que vous professez pour moi est bien partagée. En effet, nous devons être nés pour nous entendre et nous comprendre, puisque tous deux nous sommes animés de la même passion et des mêmes sentiments pour la vraie science. »
Et le lendemain, il écrivait plus familièrement à Henri Sainte-Claire Deville : « L’article de Pasteur m’a paralysé les nerfs vaso-moteurs du sympathique et m’a fait rougir jusqu’au fond des yeux. J’en ai été tellement ébouriffé que j’ai écrit à Pasteur je ne sais plus trop quoi ; mais je n’ai pas osé lui dire qu’il avait peut-être eu tort de trop exagérer mes mérites. Je sais qu’il pensé ce qu’il a écrit et je suis heureux et fier de son jugement, parce qu’il est celui d’un savant de premier ordre et d’un expérimentateur hors ligne. Néanmoins, je ne puis m’empêcher de penser qu’il m’a vu à travers le prisme des sentiments que lui dicte son excellent cœur, et je ne mérite pas un tel excès de louanges. Je suis on ne peut plus heureux de tous ces témoignages d’estime et d’amitié qui m’arrivent. Cela me rattache à la vie… » Et quelques jours après, il écrivait encore à Pasteur « Je suis très heureux et je dois vous en remercier, puisque vous mlavez fait un homme illustre, de par votre autorité scientifique. »
De son côté, Joseph Bertrand, en remerciant Pasteur de son article sur Bernard, lui écrivait « Le public y apprendra, avec bien d’autres choses, que les membres éminents de l’Académie des Sciences s’estiment, s’admirent et s’aiment quelquefois sans aucune jalousie. C’était chose rare au siècle dernier, et si tous suivaient votre exemple, nous aurions sur nos prédécesseurs une supériorité qui en vautbien une autre. »