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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 53.djvu/111

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DISCOURS DE M. CHARLES RICHET,
membre de l’institut.
Monsieur le Président de la République,

Le grand savant que nous honorons aujourd’hui fut un des hommes qui ont illustré le plus la physiologie. Il est de ceux qui laissent une œuvre si solide, si féconde, si parfaite, que chaque année voit leur gloire augmentée, et la reconnaissance qu’ils méritent grandit à mesure que la postérité s’éloigne.

Oui ! c’est vraiment une admiration toujours accrue qui lie toute la science physiologique à l’œuvre de Marey. Il y a cinquante ans, il publiait un livre, riche en aperçus originaux, en documentations précises, en graphiques déjà irréprochables ; et cependant ce merveilleux ouvrage qu’il écrivait sur la circulation du sang ne reçut pas du public scientifique toute la faveur qu’il a conquise plus tard. Mais plus tard, lentement, la justice est venue, de sorte qu’aujourd’hui, après ce long temps écoulé — je le dirai sans crainte d’être démenti par les éminents physiologistes qui nous écoutent — cet ouvrage est encore jeune, vivant, inattaquable, la base de toutes nos connaissances sur la physiologie de la circulation.

Et en effet sur une œuvre scientifique le temps n’a pas de prise. Ce qui a été bien établi ne peut disparaître. Telles pages de Descartes sur la géométrie analytique, de Harvey sur les contractions du cœur, de Lavoisier sur les combustions respiratoires, restent intactes et intan-