dans divers établissements militaires, dont on lui donnait la liste, pour y copier des dessins de canons. Ces copies, dûment vérifiées, furent autographiées, et, en 20 jours, 6000 exemplaires étaient répandus dans toute la France et distribués à l’industrie privée, dont le concours était absolument indispensable. D’autre part, il s’occupait de créer les ressources nécessaires, évaluées à 53 millions de francs, de passer les marchés, d’organiser la surveillance locale, de recruter le personnel, d’acquérir et d’exercer les chevaux. Tout marcha aussi bien que le permettait l’état de guerre, et, dans son Rapport final du 1er juin 1871, il put, avec une légitime fierté, constater que, malgré nos désastres la France se trouvait, au bout du compte, à la tête de l’artillerie la plus puissante et la plus perfectionnée qu’elle eût jamais possédée.
Dans ses Souvenirs de jeunesse, Scheurer-Kestner qui, sur la demande de Maurice Levy, avait accepté de diriger l’Établissement pyrotechnique de Cette, rattaché au Service de construction des batteries départementales, a écrit les lignes suivantes : « Maurice Levy, homme d’un caractère droit, d’une puissance de travail extraordinaire, a été l’un des plus utiles organisateurs de la Défense. »
On ne s’étonnera pas, après cela, de voir qu’en 1900, présidant la séance publique de l’Académie des Sciences, Maurice Levy ait consacré un long passage de son discours à l’apologie du canon. Mais, à ce moment, l’heure de la revanche n’avait pas encore sonné. Aussi l’orateur se borna-t-il à montrer que l’arme terrible est en même temps l’un des laboratoires les plus instructifs que possède la Science », laboratoire à l’aide ou en vue duquel nous avons appris à réaliser les hautes pressions utilisées de plus en plus dans l’industrie moderne, à créer des métaux d’une résistance inespérée, à analyser des phénomènes d’une brièveté inappréciable, à étendre nos connaissances sur la résistance de l’air et sur la propagation des ondes. Il concluait en disant « Ne souhaitons pas la mort du canon, à charge de réciproque de sa part. »