Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

divisées en races constantes par l’action réunie des lieux et du temps ?

Le problème embrasse plus de terrain qu’il ne semble. On ne sait bientôt plus quelle portion du règne végétal soustraire à ces doutes ; et les mêmes questions se renouvellent à l’aspect de chacune des divisions du règne organique. Les animaux nous présentent également et des types plus tenaces et des types plus flexibles, des formes affectées aux lieux, aux climats, à certaines divisions géographiques, des espèces stationnaires, des espèces errantes, des migrations, des mélanges et toute la confusion qui en est la suite. Dans l’état où nous trouvons les choses, quelle est la part d’action des causes premières ? quelle part a été abandonnée aux causes secondes et celles-ci quelles sont-elles, et quelle a été leur puissance dans les temps reculés où les forces productrices déployaient toute leur énergie ? Nous voilà en présence des révolutions du globe : le botaniste interroge le géologue ; le géologue appelle en témoignage les trois règnes de la nature ; et les questions et les témoignages vont se perdre ensemble au sein des ténèbres qui enveloppent l’enfance de notre vieux monde.

Observons comparons, amassons patiemment des faits ; et arrêtons-nous, s’il se peut, s’il se peut, devant ces obscurités qu’éclairerait mal l’incertaine lumière de nos conjectures. À peine une question s’élève d’autres naissent en foule de son sein, et nous ont bientôt entraînés hors de la portée de notre vue. À l’aspect d’un ordre de phénomènes que l’observation aperçoit, mais qu’elle ne saurait atteindre, il faut bien s’arrêter, et laisser l’hypothèse, bien ou mal assise sur le peu que nous savons, hasarder ses sondes dans les profondeurs où se cache l’origine des choses.