Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/89

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schel, modèle admirable de désintéressement, de douceur et de persévérance, lui avait consacré sa vie. Pendant plus de quarante années elle a assisté à toutes ses veilles, recueilli toutes ses pensées, transcrit de sa main et publié tous ses ouvrages ; elle n’aurait pu souffrir qu’aucun autre fût chargé de ce soin. Elle a écrit et conservé ces immenses registres qu’Herschel laisse a son fils, où sont fidèlement déposées, depuis 1776, ses observations et ses expériences ; héritage vraiment noble et glorieux, qui est à la fois le monument d’une science sublime et celui de la plus, touchante amitié.

L’astronomie et la physique trouveront long-temps dans ces recueils une source féconde de rapprochements et de découvertes. Ainsi se prolonge dans l’avenir l’influence des grands hommes, et ce n’est point à leur mort que tous les fruits de leurs travaux peuvent être appréciés. Le tableau physique des cieux tracé par Herschel sera comparé aux observations récentes, et l’on remarquera les changements qu’un long intervalle aura produits. Déjà des conséquences frappantes s’offrent à l’esprit ; mais le temps seul peut les développer ; elles ne deviendront manifestes qu’après un grand nombre de siècles.

Alors des révolutions entières seront accomplies, nos successeurs admireront d’autres phénomènes et d’autres astres. Une partie du spectacle des cieux sera changée : mais, à ces époques reculées, la mémoire d’Herschel subsistera tout entière.

Il a succombé dans la quatre-vingt-quatrième année de son âge, sans infirmités et sans douleur. Son nom confié aux sciences reconnaissantes est à jamais préservé de l’oubli. Elles le couronnent d’une gloire immortelle.


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