quel on l’a attribuée, puisqu’elle sévit également sur des populations dont le régime alimentaire n’est pas le même.
Elle n’est pas propagée par les vents comme on l’a supposé, car souvent elle n’envahit point des lieux intermédiaires aux lieux infectés ; elle s’étend dans une direction opposée aux courants dominants ; elle atteint des îles situées à mille lieues du lit des moussons, qu’on prétend en être les agents ; et, ce qui est tout-à-fait incompatible avec la rapidité de ces moteurs, il lui a fallu une année pour traverser la péninsule de l’Inde, trois ans pour envahir les archipels de l’océan Indien, quatre pour gagner l’entrée du golfe Persique, et sept pour atteindre les bords de la Méditerranée.
Ces exclusions conduisent M. de Jonnès à croire que cette maladie n’est point identique avec celle dont elle a reçu le nom, attendu que le cholera-morbus ordinaire est sporadique, individuel, dépendant des saisons, des aliments, des constitutions ; tandis que le fléau désigné premièrement au Bengale par cette appellation serait une maladie pestilentielle, indépendante de ces agents, qui se propage d’une manière analogue à celle des contagions, et se reproduit sans doute par une véritable assimilation, mais en suivant des lois particulières dont la connaissance est imparfaite.
Enfin, dit l’auteur, cette maladie formidable s’étend de proche en proche par les communications, remontant les fleuves, et pénétrant dans les provinces les plus reculées au moyen de la navigation intérieure ; suivant les armées dans leurs marches, les Indiens dans leurs pélerinages, les bâtiments de guerre et du commerce dans leurs expéditions, et traversant les mers avec les navigateurs, les déserts avec les caravanes, et les chaînes de montagnes avec les voyageurs ou les fuyards.