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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/221

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de m. a. thouin.

plus généreux. Buffon l’avait vu naître et grandir ; il avait été témoin de ses progrès. Il pensa que, dirigé par lui, un jeune homme qui montrait de telles dispositions se formerait mieux à ses idées, et remplirait ses vues plus complétement qu’un jardinier venu du dehors et déjà habitué à des routines que l’on aurait peine à vaincre. Ces motifs, et l’intérêt que lui inspirait une famille malheureuse, le décidèrent à confier à cet enfant la place qu’avait occupée son père. Le roi Louis XV, qui était lui-même amateur de botanique, et qui prenait part à tout ce qui la regardait, fut surpris d’une telle résolution ; et il eut besoin, pour ne pas s’y opposer, que Bernard de Jussieu et même son vieux jardinier de Trianon, Richard, lui apprissent que M. Thouin n’était pas un enfant ordinaire. Il ne l’était pas en effet : aussi arrêté dans sa conduite qu’il avait été ardent dans ses études, dès ce moment il crut avoir contracté les devoirs d’un père envers la famille dont il était devenu le chef ; mais, dès ce moment aussi, il crut devoir à M. de Buffon l’obéissance et la fidélité d’un fils. Tout son temps, toutes ses forces furent consacrés à l’exécution des projets conçus par ce grand homme, pour le perfectionnement de l’institution à laquelle il était préposé.

Le Jardin du Roi, lorsqu’en 1739 l’intendance en fut confiée M. de Buffon, était déjà célèbre par le grand nombre d’hommes de mérite qui en avaient dirigé les diverses parties, ou qui y avaient fait des leçons publiques ; mais on doit se garder de croire qu’il approchât de l’étendue et de la magnificence qui en font aujourd’hui l’un des principaux objets de l’admiration des naturalistes, et, nous osons le dire, de la reconnaissance de l’Europe envers le gouvernement français. Considéré comme une sorte d’accessoire de