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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/168

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sait autour de lui, il voit un jour avec surprise des hommes grossiers entrer violemment dans son modeste réduit. On commence par lui demander s’il n’a point d’armes à feu. Je n’en ai d’autre que celle-ci, dit-il, en tirant une étincelle de sa machine électrique, et ce trait désarme un instant ces horribles personnages, mais il ne les désarme que pour un instant ; on se saisit de ses papiers où il n’y avait que des formules d’algèbre ; on culbute cette collection qui était sa seule propriété ; enfin on le confine avec tous les prêtres et les régents de cette partie de Paris dans le séminaire de Saint- Firmin, qui était contigu au Cardinal Lemoine, et dont on venait de faire une prison.

Cellule pour cellule, il n’y trouvait pas trop de différence : tranquillisé surtout en se voyant au milieu de beaucoup de ses amis, il ne prend d’autres soins que de se faire apporter ses tiroirs, et de tâcher de remettre ses cristaux en ordre.

Heureusement il lui restait au dehors des amis, mieux informés de ce que l’on préparait.

L’un de ses élèves, devenu depuis son collègue, M. Geoffroy de Saint-Hilaire, membre de cette Académie, logeait au Cardinal Lemoine. À peine instruit de ce qui vient d’arriver à son maître, il court implorer pour lui tous ceux qu’il croit pouvoir le servir. Des membres de l’Académie, des fonctionnaires du Jardin du Roi, n’hésitent point à aller se jeter aux pieds des hommes féroces qui conduisaient cette affreuse tragédie. On obtient un ordre de délivrance, et M. Geoffroy court le porter à Saint-Firmin ; mais il arriva un peu tard, et M. Haüy était si tranquille, il se trouvait si bien, que rien ne put le déterminer à sortir ce jour-là ; le lendemain matin