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ÉLOGE HISTORIQUE

Malheureusement, et nous devons en prévenir, il n’est pas toujours facile de le suivre dans ces régions ardues de la science où son génie l’entraîne. On dirait que, familiarisé avec ces routes escarpées et repliées en mille sens divers, sur lesquelles il planait de si haut, il a cru que ses lecteurs s’y retrouveraient aussi aisément que lui, et qu’il pourrait les y introduire sans leur en tracer le plan, ou leur donner quelque fil propre à les y guider.

Essayons cependant de braver ces difficultés, et de faire réfléchir sur des recherches qui ont été si fécondes, un peu de cette lumière que l’auteur a dédaigné d’y répandre. Cette histoire des idées de M. Berthollet n’est pas moins que celle d’une grande partie de la chimie et de la physique modernes. Les écrits où il les a consignées, tiennent une grande place parmi les actes de l’heureuse révolution que ces sciences ont éprouvée de nos jours ; et ces monuments d’acquisitions éternelles sont bien autant dignes de notre attention que ces chartes et ces diplômes qui ne récompensent le plus souvent la peine que l’on prend à les déchiffrer, que par quelques traits de plus sur les ridicules et passagères agitations de nos temps barbares.

La France n’était point sa patrie, et il ne lui appartient que par l’accueil qu’elle lui fit, comme à Cassini, à Winslow, à Lagrange, et à tant d’autres hommes illustres dont la gloire est devenue pour nous une propriété nationale.

Il était né à Talloire, près d’Annecy en Savoie, le 9 décembre 1748. Ses études, commencées à Chambéry, se continuèrent au collège des Provinces de Turin, institution des plus recommandables, due à ce sage législateur, Charles Emmanuel III, et d’où le Piémont a tiré la plupart de ces