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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/200

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DE M. LE COMTE BERTHOLLET.

Il ne faut pas croire que l’emploi de ces sortes d’inventions soit en définitive aussi nuisible à l’humanité que leurs effets sont effrayants : c’est tout le contraire. Non-seulement la science en donnant ce genre de défense aux peuples civilisés a été l’égide la plus puissante de la civilisation ; non-seulement ce n’est que depuis qu’elle est devenue un des éléments essentiels de l’art de la guerre, qu’elle peut compter sur la protection de tous les gouvernements ; mais quelque paradoxale que l’assertion puisse paraître, il serait aisé de prouver que les moyens de destruction que la science fournit, en rendant les combats plus décisifs, ont rendu les guerres moins fréquentes et moins meurtrières.

Pour M. Berthollet, ce qu’il voyait surtout dans ces développements extraordinaires de l’industrie humaine excitée par les plus grands intérêts, c’étaient des expériences chimiques faites sur une grande échelle. Les phénomènes de l’extraction du salpêtre réveillèrent des idées qui déjà s’étaient présentées plus d’une fois à lui, et qui embrassaient l’essence même de la force dont la chimie dispose. Il remarquait qu’à mesure que le dissolvant s’empare de plus de sel, la terre retient ce sel avec plus de succès ; qu’un dissolvant pur surmonte à son tour cette résistance, et que ces alternatives se répètent à plusieurs reprises. La nécessité d’employer de nouvelle eau bien avant que la première soit saturée, ces quantités toujours moindres que donnent les lavages successifs, lui firent conclure que l’affinité qui cause les dissolutions n’est pas une force absolue ; mais qu’il y a dans, ces phénomènes un balancement, un antagoniste de forces contraires.

Il avançait ainsi vers sa grande théorie des affinités, qui se