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DE M. LE COMTE BERTHOLLET.

pour la peindre d’un mot, on doit la grande description de l’Égypte[1].

Cependant les caractères mystérieux d’Hermès demeurèrent pour lui lettres closes ; et depuis que l’ingénieuse persévérance d’un de nos jeunes savants est parvenue à en déchiffrer quelques-uns, on est bien désabusé sur la profondeur des oracles qu’ils couvraient ; mais dans ce pays extraordinaire la nature parle aussi un langage particulier, et M. Berthollet sut l’entendre.

Les petits lacs placés à l’entrée du désert, et célèbres déjà dans l’antiquité, par le natron, ou le carbonate de soude, dont ils sont des mines inépuisables, attirèrent toute son attention[2]. C’est du muriate de soude, c’est-à-dire du sel ordinaire, qui, en se décomposant sans cesse fournit continuellement autant de carbonate de soude que l’on vient en enlever ; et cependant il ne se trouve à la portée du sel que du carbonate de chaux, de la pierre calcaire, qui, dans les circonstances ordinaires ne possède point la force propre à opérer cette décomposition, mais qui la prend lorsqu’à une température donnée l’eau salée filtre au travers de ses pores. La grande quantité relative de la chaux donne donc ici plus d’intensité à son action chimique : l’acide ne demeure pas exclusivement attaché à la base pour laquelle il a le plus d’affinité, à la soude ; il se partage entre elle et cette autre base que la nature lui présente en grande masse, la chaux. C’était

  1. Le départ eut, comme on sait, lieu, au mois de mai 1798 ; on arriva devant Alexandrie le 19 juin.
  2. Il les visita avec MM. Andréossi, Fourier, Redouté jeune, etc., en janvier 1799.