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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/81

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par la porte des sens. Elle signale au géomètre des faits généraux, et lui donne des mesures que rien ne peut suppléer ; elle atteste à tous la grandeur des sciences, et montre l’homme disposant à son gré des forces de la nature.

Les leçons publiques de M. Charles étaient données dans le plus beau cabinet de physique de l’Europe. On remarquait dans ces assemblées brillantes un grand nombre d’étrangers, des femmes célèbres, des savants illustres, parmi lesquels on cite Volta et Franklin. On rapporte que ce dernier fut souvent frappé de l’extrême habileté du professeur, et qu’il dit, à ce sujet : La nature ne lui refuse rien, il semble qu’elle lui obéisse. Lorsqu’on félicitait M. Charles de sa dextérité prodigieuse, il prétendait qu’elle n’était qu’apparente ; ce sont ses expressions. Elle était, disait-il, le fruit d’un travail opiniâtre. C’est lui-même qui nous a rapporté que, dès le point du jour, il méditait et préparait avec un soin continuel les moindres détails des observations qu’il devait répéter en présence de ses auditeurs. Il passait des heures, des journées entières, à essayer dans son laboratoire une expérience qui, en public, ne devait durer que quelques minutes. C’est à ce prix que tout lui devint facile. Que sont en effet, Messieurs, il faut le dire surtout à ceux qui, dès leur première jeunesse, se consacrent aux sciences, que sont les talents naturels les plus rares, le génie même, des dons imparfaits, des germes qui seront stériles, s’ils ne sont pas fécondés par de longues études et un travail infatigable ?

Cet enseignement de la physique acquérait chaque jour dans la capitale un nouveau degré d’intérêt, lorsqu’une découverte éclatante et inattendue vint frapper les esprits ; je veux parler de l’invention des aérostats. On apprit que