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Page:Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, Année 1888, tome XI, 1889.pdf/67

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Pendant plus de trente années, Mgr de la Poype gouverna d’une façon remarquable le diocèse de Poitiers. Il y rétablit l’ordre et la discipline ecclésiastiques, grandement compromis à son arrivée ; il y maintint l’unité, au milieu des difficultés nées de la Réforme et du Jansénisme ; jusqu’à la Révolution, c’est-à-dire pendant près de cent ans, ce diocèse n’a vécu que par lui, par les institutions de toute sorte qu’il y avait laissées, et pourtant c’est à peine si quelques rares personnes conservent encore son souvenir parmi ces populations qu’il a aimées du plus tendre amour, et au bonheur desquelles il consacra sa vie. M. de Chergé ne le cite même pas dans sa liste des évêques poitevins : s’il le nomme, ce n’est qu’incidemment, on pourrait presque dire quand il ne peut pas faire autrement. Dreux du Radier, plus généreux, lui consacre quelques lignes dans ses « Biographies poitevines », mais depuis cet auteur, c’est-à-dire depuis la fin du siècle, aucun écrivain local, prêtre ou laïque, ne songe à sa mémoire, et dans son église cathédrale, cette église qu’il affectionna d’une façon si particulière, qu’il orna de ses propres deniers pour des sommes importantes, et qu’il choisit pour lieu de sépulture, on cherche aujourd’hui en vain sa tombe : pas une plaque de marbre ne rappelle son nom[1] !

En vérité, tant d’ingratitude serait fait pour surprendre, si nous ne savions les faiblesses de notre nature humaine. Mais si les individus ont en ces matières le triste privilège de pouvoir être impunément oublieux et indifférents, il n’en est pas de même pour des institutions qui, ne périssant pas, ont le devoir de conserver et d’honorer leurs morts, et l’on peut s’étonner que le clergé du Poitou, et celui du chapitre cathédral en particulier, n’aient pas tenu à honneur de consacrer d’une façon quelconque le souvenir d’un des plus

  1. J’ai consulté en vain toutes les personnes compétentes de Poitiers : Nul n’a pu me donner une indication quelconque sur le sort du tombeau de Mgr de la Poype. A-t-il été détruit à la Révolution ? Ou bien est-il dissimulé sous les gradins de bois qui couvrent la plus grande partie du dallage de la chapelle de Saint-André actuelle, dite « des Evêques » anciennement ?