Avant l’ordonnance de François Ier donnée à Villers-Coterets au mois d’août 1539, le latin et le patois
régnaient en souverains dans le Rouergue. Ce n’est pas
toutefois qu’on usât indifféremment de l’un et de l’autre.
Il est, en effet, facile de constater que les notaires et les
gens de robe traitant des affaires purement civiles[1], se
servaient plus volontiers du latin ; tandis qu’il est très rare d’en observer l’emploi dans les hôtels de ville, où
les discussions entre personnes dont plusieurs ne savaient
pas un mot de français, avaient constamment lieu
dans l’idiome vulgaire. Ainsi, pendant que les documents antérieurs à la date précitée et provenant des
greffes des tribunaux ou des études des notaires se présentent généralement sous la forme latine, les cadastres ou
compois, les délibérations municipales, les comptes consulaires et les rôles de contribution, qui constituent la
majeure partie des archives communales de Rodez, Millau, Espalion et Saint-Afrique, sont autant d’ouvrages
où l’on peut étudier la langue d’Oc sous plusieurs points
de vue.
L’ordonnance en question proscrivait le latin de la rédaction des contrats, testaments et autres actes, et voulait qu’ils fussent « prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement. » On dut applaudir à cette mesure ; car, outre la
- ↑ Louis XII, par ordonnance du mois de juin 1510, avait prescrit que les procédures criminelles eussent lieu dans les provinces soumises an droit écrit « en vulgaire langage du pays. »