Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/392

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Sous Amélius, deuxième abbé de Loc-Dieu, un moine étant mort, deux frères convers chargés de rendre à son corps les derniers devoirs, avant de le descendre dans la fosse, prouvèrent sur lui une petite bourse contenant quelques pièces en or. En ayant prévenu l’abbé, le chapitre s’assembla et on décida qu’il ne pouvait être enterré dans le cimetière. Cependant un religieux fit valoir au chapitre qu’il était fou. À cause de cette circonstance le chapitre décida qu’il pourrait être enterré dans le cimetière. Un cas à peu près semblable se présenta dans le même siècle au couvent de Bonneval.

La vie exemplaire des moines de Loc-Dieu, la sainteté éminente qu’ils montraient chaque jour dans la pratique d’une règle très austère qui était celle de Dalone, faisait l’admiration de tout le monde, non seulement dans le pays du Rouergue, mais encore dans les contrées environnantes. Pendant plus de deux siècles, les fidèles y venaient de partout demander des prières à ces saintes âmes si puissantes auprès de Dieu.

Cette règle de l’abbé Guillaume qui est celle de saint Benoît se fait remarquer par un caractère de bon sens et de sagesse, d’humilité et de modération qui la rendent bien supérieure à toutes les lois des sociétés civiles. Là apparaissent avec éminence l’humilité et le courage, d’un côté l’autorité avec toute sa vigueur, et de l’autre la dépendance avec toute sa liberté et son repos dans la règle.

Quelque chose qui parle plus haut, ce sont les vertus qui se sont développées dans l’ombre du cloître. C’est l’attrait invincible que cette règle a inspiré pendant plusieurs siècles aux cœurs généreux, droits et élevés, aux âmes éprises de la solitude de Dieu et de son infini. Aussi en peu de temps les postulants affluèrent dans la nouvelle abbaye.

Guillaume avait bien admis dans sa première communauté établie provisoirement dans des cabanes au sein de la forêt quelques disciples qui, touchés de la grâce et du repentir de leurs fautes, étaient venus pour faire pénitence et travailler à leur salut. Mais ce nombre avait été