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Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/87

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À vrai dire, la première découverte des thermes de nos anciens prédécesseurs remonterait à l’année 1870 de funeste mémoire. En me promenant, un jour, avec un de mes amis, sur les bords de Lauterne, dont le faible cours contourne en partie notre ville et va, non loin de là, se jeter dans l’Aveyron, nous remarquâmes un exhaussement de terrain qui nous parut assez extraordinaire sur la surface unie que nous parcourions. Arrivés sur le monticule qui s’offrait à nous, de très petits fragments de brique attirèrent d’abord notre attention. Ce furent ensuite, sur les bords d’une haie, des fragments plus considérables avec des marques incontestables de leur origine gallo-romaine. Ce furent enfin de grandes lignes grisâtres tranchant vigoureusement sur le vert tendre de la prairie et dessinant, tantôt de longs parallélogrammes, tantôt des circonférences plus ou moins développées. Il fut très facile de reconnaître dans ces lignes, symétriquement disposées, de vastes substructions, sur lesquelles de persévérantes chaleurs n’avaient pu laisser au gazon qui les recouvraient qu’une misérable et languissante vie. L’ami qui m’accompagnait voulut bien relever sur une feuille de son calepin ces lignes énigmatiques. Le crayon manquant, ce fut un buisson arraché à la haie qui en remplit les fonctions, la longueur des pas servit de mesure, et en moins d’un quart d’heure nous eûmes, sous les yeux, non pas tout-à-fait le plan que j’ai l’honneur de vous soumettre aujourd’hui, mais quelque chose d’assez approchant.

Nous aurions dû nous mettre immédiatement à l’œuvre pour une découverte qui témoignait d’une si grande importance : le voisinage des lieux nous y invitait d’ailleurs. Mais le manque de fonds, mais surtout les grandes tristesses de la patrie, qui ne se firent pas longtemps attendre, vinrent mettre obstacle à l’entreprise et nous faire presque oublier notre découverte. Il n’a fallu rien moins que l’occasion du Congrès scientifique de France (XLe session) tenu à Rodez l’an dernier et le grand désir de nous rendre agréable aux membres de cette savante réunion pour nous faire renaître l’idée d’en entreprendre les fouilles sérieuses.

Elles commencèrent enfin au mois de septembre et ne