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Page:Mémoires de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, 1902.djvu/294

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leur donner de belles proportions et y ajouter même quelques ornements, ne sauraient rivaliser avec les fantaisies luxueuses ayant pour but principal l’agrément, n’en déplaise au savant Directeur du journal de l’Union des Architectes et des Artistes industriels, qui, dans le numéro du 16 janvier dernier, critiquait une brochure écrite par le distingué professeur de décoration à l’École des Beaux-Arts : dans cette brochure, l’auteur disait, entre autres choses, que la construction utilitaire, très estimable en raison des services qu’elle rend, était forcément étrangère à l’art ; et il me semble qu’il avait parfaitement raison. L’Antiquité et le Moyen-Age, ainsi que la Renaissance et même une époque encore plus voisine de nous, n’astreignaient point l’architecte à satisfaire les exigences compliquées du confort moderne ; il avait ses coudées franches ; il songeait avant tout à la beauté de l’œuvre à créer et lui sacrifiait tout. — Sans aller bien loin, nous admirons, et tout le monde admire l’escalier de François Ier, et personne n’en voudrait cependant pour son usage personnel ; on ferait clore les baies ouvertes à tous les vents : ce serait plus confortable, mais affreux. Les théâtres romains étaient de splendides édifices, mais aussi combien grande était leur simplicité comparée aux complications des salles modernes. — Il faut le reconnaître, le simple, seul, peut être vraiment beau. — De nos jours, l’architecte doit subir les exigences de nos besoins compliqués, mais cela ne saurait l’empêcher de regretter les temps où l’on élevait, pour le simple plaisir des yeux et l’agrément de la promenade, des bâtiments nobles et élégants, et aussi peu utilitaires que celui dont je suis heureux de présenter le croquis et dont on ne saurait trop regretter la destruction.

A. TROUËSSART.
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