Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome II 1921.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
171
LA PRINCESSE LOUISE DE CONDÉ

le Concordat. J’avais une grande vénération spéculative pour cette jeune Louise de Condé, pleurant au pied des autels les crimes de son pays et offrant en sacrifice un si pur holocauste pour les expier.

Je m’en étais fait un roman ; mais il fallait éviter d’en apercevoir l’héroïne, commune, vulgaire, ignorante, banale dans ses pensées, dans ses sentiments, dans ses actions, dans ses paroles, dans sa personne. On était tenté de plaindre le bon Dieu d’être si constamment importuné par elle ; elle l’appelait en aide dans toutes les circonstances les plus futiles de sa puérile existence. Je lui ai vu dire oraison pour retrouver un peloton de laine tombé sous sa chaise : c’était la caricature d’une religieuse de comédie. Mon père fut obligé de lui faire presque violence pour la décider à partir.