Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome II 1921.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE ii


Les visites à Turin. — Le comte et la comtesse de Balbe. — Monsieur Dauzere. — Le prince de Carignan. — Le corps diplomatique. — Le général Bubna. — Ennui de Turin. — Aspect de la ville. — Appartements qu’on y trouve. — Réunion de Gênes au Piémont. — Dîner donné par le comte de Valese. — Jules de Polignac.

Tant que dure la saison de l’Opéra, on ne fait ni ne reçoit de visites : c’est un d’autant plus grand bénéfice qu’à Turin l’usage n’admet que celles du soir. Les palais sont sans portier et les escaliers sans lumière. Le domestique qui vous suit est muni d’une lanterne avec laquelle il vous escorte jusqu’au premier, second, troisième étage d’une immense maison dont le propriétaire titré habite un petit coin, le reste étant loué, souvent à des gens de finance. On doit arriver en personne à la porte de l’appartement, rester dans sa voiture et envoyer savoir si on y est passe pour une impertinence. Cependant les dames reçoivent rarement. Le costume dans lequel on les trouve, l’arrangement de leur chambre, aussi bien que de leur personne, prouve qu’elles ne sont pas préparées pour le monde. Il faut excepter quelques maisons ouvertes, les del Borgo, les Barolle, les Bins, les Mazin, etc.

Comme nous ne suivions pas fort régulièrement le théâtre, nous restions assez souvent le soir chez nous en très petit comité. Monsieur et madame de Balbe