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CALOMNIES ABSURDES

« Merci, ma chère, ce n’est rien, je vais mieux ; mais je suis encore faible et cela m’éprouve toujours. »

Le nuage répandu sur les visages se dissipa à l’entrée d’un grand plat d’échaudés tout fumants : « Ah ! des échaudés du Palais-Royal ! » s’écria-t-on ; et l’amour du sol natal, la joie de la patrie, effaça l’impression qu’avait laissée la réception des Tuileries.

Je passai une grande partie du peu de journées que je restai encore à Paris auprès de ces aimables princesses qui m’accueillaient avec une extrême bonté et partageaient mon indignation des fables débitées sur ma mère. Au reste, elles connaissaient par expérience toute la fécondité des inventions calomnieuses.

On répandait alors le bruit du mariage secret de Mademoiselle avec Raoul de Montmorency dont elle aurait facilement pu être mère, tant la disproportion d’âge était grande. Lorsqu’il épousa madame Thibaut de Montmorency, il fallut bien renoncer à ce conte.

Je ne sais pas si on remplaça immédiatement Raoul par monsieur Athalin ; ce n’est que longtemps après que j’en ai entendu parler. La seconde version n’a pas plus de vérité que la première ; elles sont également absurdes et calomnieuses.