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CHAPITRE iii


Révélation des projets bonapartistes. — Voyage à Gênes. — Expérience des fusées à la congrève. — La princesse Grassalcowics. — L’empereur Napoléon quitte l’île d’Elbe. — Il débarque en France. — Officier envoyé par le général Marchand. — Déclaration du 13 mars. — Mon frère la porte à monsieur le duc d’Angoulême. — Le Pape. — La duchesse de Lucques.

Mon père avait été chargé de veiller sur les actions des bonapartistes, répandus en Italie, et sur leurs communications avec l’île d’Elbe. Il avait employé à ce service un médecin anglais, nommé Marshall, que le prince régent d’Angleterre faisait voyager en Italie pour recueillir des renseignements sur la conduite, plus que légère, de la princesse sa femme.

Ce Marshall avait, en 1799, porté la vaccine en Italie ; il s’était trouvé à Naples lors des cruelles vengeances exercées par la Cour ramenée de Palerme sur les vaisseaux de l’amiral Nelson. Il était jeune alors et, justement indigné du spectacle hideux de tant d’horreurs, il avait profité de son caractère d’anglais et de l’accès que lui procurait sa position de médecin pour rendre beaucoup de services aux victimes de cette réaction royaliste. Il était resté depuis lors dans des rapports intimes avec le parti révolutionnaire et fort à même de connaître ses projets sans participer à ses trames.

Une nuit du mois de janvier 1815, il arriva chez mon père très secrètement et lui communiqua des documents