CHAPITRE vi
Les forfanteries du Roi et des siens, tout absurdes qu’elles étaient, portaient pour nous un son fort désagréable. Quelques semaines plus tard, mon père eut occasion d’en relever une d’une manière très heureuse. Le duc de Modène vint voir son beau-père ; il y eut à cette occasion réception à la Cour. Mon père s’y trouva auprès d’un groupe où le premier chambellan de Modène professait hautement la nécessité et la facilité de partager la France pour assurer le repos de l’Europe. Il prit la parole et du ton le plus poli :
« Oserai-je vous prier, monsieur le comte, de m’indiquer les documents historiques où vous avez puisé qu’on peut disposer de la France comme s’il s’agissait du duché de Modène ?»
On peut croire que le premier chambellan resta très décontenancé. Cette boutade, qui contrastait si fort avec l’urbanité habituelle de mon père, eut grand succès à Turin où on détestait les prétentions de l’allemand, duc de Modène.
Les événements de Belgique arrêtèrent la marche des