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CHAPITRE viii


Exigences des étrangers en 1815. — Dispositions de l’empereur Alexandre au commencement de la campagne. — Jolie réponse du général Pozzo à Bernadotte. — Conduite du duc de Wellington et du général Pozzo. — Étonnement de l’empereur Alexandre. — Séjour du Roi et des princes en Belgique. — Énergie d’un soldat. — Obligeance du prince de Talleyrand. — Le duc de Wellington dépouille le musée. — Le salon de la duchesse de Duras. — Mort d’Hombert de la Tour du Pin. — Chambre dite introuvable. — Démission de monsieur de Talleyrand. — Mon père est nommé ambassadeur à Londres. — Le duc de Richelieu. — Révélation du docteur Marshall. — Visite au duc de Richelieu. — Désobligeante réception. — Son excuse.

Je reviens à mon arrivée à Paris. Quelque disposée que je fusse à partager la joie que causait le retour du Roi, elle était empoisonnée par la présence des étrangers. Leur attitude y était bien plus hostile que l’année précédente : vainqueurs de Napoléon en 1814, ils s’étaient montrés généreux ; alliés de Louis XVIII en 1815, ils poussèrent les exigences jusqu’à l’insulte.

La force et la prospérité de la France avaient excité leur surprise et leur jalousie. Ils la croyaient épuisée par nos longues guerres. Ils la virent, avec étonnement, surgir de ses calamités si belle et encore si puissante qu’au congrès de Vienne monsieur de Talleyrand avait pu lui faire jouer un rôle prépondérant. Les cabinets et les peuples s’en étaient également émus et, l’occasion d’une nouvelle croisade contre nous s’étant représentée, ils