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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

et fort éclairée des jeunes militaires. Ceux qui servaient dans la garde royale, surtout, lui étaient personnellement connus. Dans des lettres adressées à Paris, elle avait soin d’insérer leurs noms et faisait remercier, tantôt les uns, tantôt les autres, plus souvent les familles, de la fidélité conservée à la légitimité.

Ces messages étaient autant d’engagements pour ceux qui les recevaient et ont arrêté bien des jeunes gens prêts à reprendre du service. J’ai lieu de penser que les correspondants de la princesse ne se faisaient faute d’inventer des paroles dans ce sens, lorsqu’ils les croyaient utiles à employer.

D’un autre côté, les agents de madame la duchesse de Berry recrutaient d’une façon plus active et cherchaient à organiser une guerre civile dans la Vendée. Là, comme ailleurs, le parti se divisait en deux classes distinctes, l’une voulait forcer les événements et l’autre les attendre.

La comtesse de La Rochejaquelein, née Duras et veuve du prince de Talmont, dirigeait la première ; tout ce qui restait de vieux chefs vendéens se ralliait à la dernière.

De même, à Paris deux comités directeurs se disputaient le pouvoir. L’actif reconnaissait pour chefs Gaston de Montmorency, prince de Robecque, et sa clientèle de jeunes gens ; le temporisme, monsieur de Chateaubriand, monsieur Pastoret et monsieur Berryer.

Monsieur Hyde de Neuville flottait entre les deux. D’anciennes habitudes le stimulaient à entrer dans toute espèce de conspirations et il y résistait difficilement. D’après ses propres paroles, il doit avoir eu connaissance de celle de la rue des Prouvaires, s’il n’y prit pas une part directe.

Il est à peu près avéré aussi que le maréchal Bourmont