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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

nesques, sur les aventures de la princesse pendant sa traversée du royaume. Je ne suis pas en mesure d’en constater l’authenticité. Ce qu’il y a de sûr c’est que partout elle a trouvé secours, assistance, secret. Cela est d’autant plus naturel qu’elle s’adressait à ses partisans. Mais, dans aucun parti, personne n’aurait voulu la livrer, ni désiré la prendre. Il a fallu que sa pertinacité à rester en France en fît une nécessité, car c’était une capture aussi pénible à faire qu’embarrassante à garder.

Je pense bien, par exemple, que les légitimistes seuls pouvaient mettre un grand zèle à la diriger sur la Vendée. D’autres n’auraient pas eu le même goût à établir la guerre civile.

Quoi qu’il en soit, elle était avant le 20 mai à Nantes, monsieur de Bourmont ne tarda pas à l’y rejoindre. Il trouva tout disposé pour l’entrée en campagne. C’est-à-dire que madame la duchesse de Berry, assistée de madame de La Rochejaquelein, de mademoiselle Fauveau, de deux jeunes hommes choisis par ces dames pour aides de camp, et qu’elles avaient fait serment (serment fidèlement accompli au milieu de la pieuse Vendée) de ne jamais quitter ni jour ni nuit, de quelques têtes également folles et de subalternes intrigants, que ce sanhédrin donc avait répandu des proclamations fulminantes, envoyé des circulaires incendiaires et commandé une prise d’armes pour le 24.

Là, s’arrêtaient les préparatifs ; il n’y avait ni hommes, ni fusils, ni munitions, ni argent, et encore moins de zèle. Les anciens chefs vendéens étaient au désespoir et n’admettaient aucune chance d’obtenir un soulèvement sérieux dans le pays ; ils annonçaient un échec inévitable et prédisaient de grands malheurs.

Monsieur de Bourmont, informé d’un état de choses qu’on dissimulait à la princesse, la supplia de sortir de