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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/151

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

de la Pénissière où elle fut poursuivie. On parvint, au moment de l’attaque, à en faire évader la princesse ; et bien des braves gens périrent par le fer et le feu pour assurer sa sûreté.

Ses partisans de Paris conçurent de vives alarmes. Ils furent plusieurs jours à la savoir entrée au château de la Pénissière, où tout avait péri, sans connaître son évasion. On avait nié depuis qu’elle fût à la Pénissière lors de l’attaque ; je n’ai point là-dessus de notion exactement positive.

Pendant ce temps, monsieur Berryer était arrêté à Blois. Comme je n’écris, ainsi que je l’ai souvent répété, que d’après mes souvenirs et sans consulter de documents, je ne saurais me rappeler lesquels de ces événements ont précédé ; mais ils se sont succédé de fort près et de façon à expliquer les terreurs dont monsieur Berryer se sentit immédiatement atteint lorsqu’il se vit détenu, dans un département mis en état de siège, par un gouvernement qu’il supposait exaspéré de l’insurrection écrasée dans la capitale et de celle fomentée dans la Vendée.

Monsieur Berryer, il faut le dire, appartient à un parti qui n’a pas fait abnégation de vengeances et que le triomphe n’adoucit pas ; aussi la pensée des Lavalette, des Faucher, des Caron, etc., lui revint et ses craintes n’en furent que plus vives, car aucun d’eux n’était aussi coupable que lui.

Son premier soin, en arrivant dans la prison, fut d’écrire cinq lettres à messieurs le duc de Bellune, le duc de Fitzjames, le chancelier Pastoret, le vicomte de Chateaubriand et le comte Hyde de Neuville, en forme de circulaire, où il faisait appel à leur loyauté (ayant soin de les nommer tous les cinq dans chaque lettre) ; en les priant de se reconnaître solidaires de toutes les