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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/154

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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

On en parlait généralement en ces termes dans son propre parti, soit qu’on la blâmât véritablement, soit qu’on cherchât dans ces discours une excuse au peu d’empressement des gens les plus vifs en paroles hostiles au gouvernement à aller se ranger sous le drapeau blanc levé dans la Vendée.

Un sentiment de vergogne y décida pourtant à la fin une dizaine de jeunes gens, mais ils s’y prirent de façon à être arrêtés dans leur route et forcés à renoncer à une entreprise où ils n’avaient pas grand goût.

Après les échecs du chêne Saint-Colombin et de la Pénissière, madame la duchesse de Berry fut réduite à se cacher de nouveau. Cette vie romanesque et vagabonde lui plaisait suffisamment pour l’engager à la prolonger.

En revanche, les ministres, et la famille royale surtout, souhaitaient vivement lui voir quitter le territoire français en sûreté. Les moyens lui en étaient soigneusement, quoique tacitement, conservés.

Deux fois, elle fut vendue par son monde. On se borna à lui mettre la main presque sur l’épaule sans vouloir la fermer. Un jour, dans l’appartement de madame de La Ferronnays, abbesse d’un couvent à Nantes, on frappa d’une crosse de fusil sur une feuille de parquet, qu’on n’ignorait pas servir de trappe à une cachette où elle se trouvait.

On espérait que ces alertes lui serviraient d’avertissement pour s’embarquer ; mais, loin de là, elle y puisait une folle sécurité, n’attribuant qu’à son habileté son succès à déjouer des recherches si actives. La suite a prouvé combien, dès qu’elles ont été sincères, elles ont obtenu un prompt résultat.

Monsieur de Montalivet, ministre de l’intérieur jusqu’au 11 octobre, et monsieur de Saint-Aignan, préfet