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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/166

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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

la promesse à sa mère qui, au reste, se soumettait toujours aux volontés manifestées par le Roi.

Je retourne à ma conversation avec monsieur Pasquier.

« Je voudrais, dit-il, avoir-moyen de faire avertir la duchesse de Berry.

— Hé, mon Dieu ! ils n’y verraient qu’une ruse pour les tromper.

— C’est vrai. »

Après un assez long silence, il se leva brusquement.

« C’est égal, il ne faut pas se croiser les bras en pareille occurrence. Je vais aller trouver Mounier ; il est en rapport avec tout ce monde-là ; je lui dirai sérieusement de faire partir la princesse ; il me comprendra, lui, il croira, et peut-être fera-t-il croire les autres.

— Pensez-vous, repris-je, que par madame Récamier je puisse être de quelque utilité ?

— Essayez toujours, cela est sans inconvénient. Il n’y a pas de mal que le tocsin sonne à leurs oreilles de plusieurs côtés. »

Monsieur Pasquier partit. Je demandai mes chevaux et je me rendis à l’Abbaye-aux-Bois. J’y appris, alors, le profond mécontentement de monsieur de Chateaubriand contre madame la duchesse de Berry et son entourage.

Il avait rompu toute communication avant son départ pour la Suisse, et madame Récamier ne conservait aucune des relations qui l’instruisaient si exactement dans les premiers temps du séjour en France.

Déjouée dans mon espoir, mais excitée par les noires inquiétudes dont j’étais poursuivie et que celles de monsieur Pasquier n’étaient point propres à calmer, j’allai trouver madame de Chastellux.

Exaltée, au delà des plus exaltés de son parti, elle