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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/168

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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

ment et je me retirai. Elle avait bien vu que je n’en voulais pas dire davantage, et avait trop de tact pour m’adresser aucune question.

Monsieur Pasquier, de son côté, avait trouvé monsieur Mounier et lui avait d’autant plus facilement fait comprendre le danger, non seulement pour la princesse, mais encore pour le pays et pour la famille régnante (danger tout moral que Thiers et apparemment ses collègues ne reconnaissaient pas) que monsieur Mounier, plein de sagesse, exempt d’esprit de parti, quoique dans les rangs légitimistes, était en même temps fort éclairé.

« Maintenant, me dit monsieur Pasquier, il n’y a plus rien à faire ; il nous faut attendre les événements. »

Nous sûmes bientôt par monsieur Thiers la première tentative de Deutz manquée.

Madame la duchesse de Berry lui avait donné audience dans un lieu où elle s’était transportée pour le recevoir ; elle avait dû le quitter immédiatement après lui, et il n’avait pu rejoindre l’homme de la police assez promptement pour la faire saisir. Ils se renvoyaient mutuellement le tort de cet échec ; peut-être tous deux hésitaient-ils.

Plusieurs papiers indispensables leur ayant manqué dans le cours de cette première conférence, madame la duchesse de Berry, qui avait pleine confiance en Deutz, avait promis de le revoir le surlendemain. On le conduirait là où elle les gardait, et où elle résidait pour le moment. Deutz disait lui avoir conseillé de partir et l’y avoir trouvée récalcitrante.

Elle voulait rester dans la Vendée pour profiter de la querelle avec la Hollande d’où elle espérait une conflagration générale et une croisade européenne contre la France révolutionnaire.