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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Le couvert était mis pour cinq personnes, mais mademoiselle du Guigny, la maîtresse de la maison, se présentait seule et niait avoir des hôtes ; la table, selon elle, était préparée pour des convives que l’aspect des troupes aurait probablement empêchés d’arriver. Il était impossible d’obtenir le moindre aveu.

La lettre qui avertissait la princesse de son danger était ouverte sur la cheminée au feu de laquelle on avait fait paraître l’encre sympathique. Elle avait été prévenue à temps, mais on n’échappe pas à son sort !

Vainement chercha-t-on à intimider et à séduire les habitants de la maison ; maîtres et valets, tout résista. Une recherche de plusieurs heures n’amena aucun résultat. On avait fouillé partout sans même trouver les papiers signalés par Deutz, quoique plusieurs cachettes eussent été découvertes, et on était réduit à croire qu’une communication, soit par l’intérieur des murs, soit par les caves, soit par les toits, permettait de quitter la maison.

Mais tout le quartier, circonscrit par quatre rues, était strictement gardé ; personne n’en pouvait sortir sans être soigneusement examiné. Il faudrait bien que la princesse, dont la présence était constatée en ce lieu, finît par être prise.

Telle était la première dépêche, écrite par monsieur Maurice Duval en quittant le domicile de mademoiselle du Guigny, où il avait passé une grande partie de la nuit. Au moment de la cacheter, il ajoutait : « On vient me chercher. J’ai la satisfaction de vous annoncer que la duchesse est arrêtée ; j’expédie mon courrier et je me rends auprès d’elle. »

Le second rapport, parvenu le soir même où monsieur Thiers nous en parlait, contenait les détails suivants :