Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

préparatifs matériels pour la sûreté du transport et la commodité du voyage arrêtaient encore bien malgré lui.

La princesse demandait un délai, fondé sur l’état de santé du comte de Mesnard ; mais monsieur Thiers, fort à regret dans sa disposition actuelle, avait positivement refusé.

Comme il ne fallait pas compliquer la question relative à madame la duchesse de Berry, en assimilant à son sort d’autres personnes compromises vis-à-vis des tribunaux, on se décida à les rendre à leurs juges naturels. Monsieur Guibourg fut renvoyé là où son procès avait été déjà instruit. Mademoiselle de Kersabiec accompagna la princesse à Blaye, puis fut reconduite immédiatement à Nantes.

Dès le premier jour de l’arrestation, monsieur Maurice Duval avait prévenu monsieur Thiers qu’il pouvait s’emparer de messieurs de Bourmont, de Charette et de plusieurs de leurs coopérateurs les plus actifs. On les savait cachés dans les maisons voisines de celle occupée par Marie-Caroline. Deutz avait vu le maréchal. En persistant à cerner le quartier, on était assuré de les prendre.

Mais le ministre en avait autant qu’il lui en fallait pour se présenter à l’ouverture de la session et ne se souciait pas de multiplier ses embarras. Plus il se trouverait de gens arrêtés dans les mêmes prédicaments que madame la duchesse de Berry, plus il serait difficile de la soustraire à la loi commune ; car elle se trouverait réclamée, comme principal accusé, par tous les tribunaux où les affaires seraient portées.

Vu de loin, et lorsque les passions sont calmées, il semble que rien n’était plus simple et plus facile que la marche adoptée par le gouvernement ; mais, dans ce