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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/229

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Il appela notre attention sur l’inscription de la porte. Elle dit cette bibliothèque l’œuvre de François II, roi des Français.

L’usage de cette appellation existait donc sous les Valois, et c’était par une concession aux prétentions des citoyens que les rois s’étaient appelés de France. Il ajouta une réflexion philosophique sur la rotation des diverses idées attribuées aux mêmes expressions. Il était charmant dans son enfantine sagesse. Le Roi nous ayant rejoints, il rentra dans son rôle d’écolier et se prit à courir devant nous.

Revenus par la porte dorée aux appartements occupés par le Roi, il nous fit remarquer un petit guéridon de bois fort commun sur lequel l’Empereur avait signé son abdication et me dit d’y lire l’inscription placée pendant la Restauration.

Je vis, gravé sur une plaque de cuivre : « C’est sur cette table que Bonaparte a signé l’acte de sa démission dans le second cabinet du Roi, où S. M. fait sa toilette. » Il faut convenir que cette inscription était bien digne d’avoir été inventée sous un monarque qui datait de la vingtième année de son règne, au retour de vingt-deux ans d’exil.

Je sus gré au roi Louis-Philippe, entourés comme nous l’étions d’étrangers et d’ennemis de la branche aînée, de n’avoir dirigé mon attention sur cette plaque qu’à voix basse. À la vérité, la Reine venait de nous rejoindre et sa présence impose toujours les sentiments délicats.

Elle nous montra elle-même son appartement, décoré de toutes les élégances de Marie-Antoinette qui semblaient bien mesquines à côté des magnificences de Louis XIII, de Louis XIV et même du rococo de Louis XV, mais qui l’emportaient de beaucoup sur le raide et le guindé de l’Empire.