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LE MARIAGE DU DUC D’ORLÉANS

il se rendit à Fontainebleau pour y célébrer les fêtes du mariage.

Au nombre des bonnes fortunes du ministre Molé, je mets en première ligne celle d’avoir ouvert les portes de la France à la charmante princesse que le duc de Broglie a eu l’agréable commission de nous amener.

La princesse Hélène de Mecklembourg me paraît préférable, même comme position sociale, à l’archiduchesse que nous avions recherchée.

Monsieur le duc d’Orléans est assez grand prince pour faire de sa femme une grande princesse ; et je crois qu’en tout temps l’héritier d’un puissant royaume n’a rien à gagner par une alliance avec les filles des souverains prépondérants. Cela est surtout vrai dans notre position où les déclamations sur l’influence autrichienne n’auraient pas manqué d’élever leur clameur à chaque occasion.

De plus, il y avait dans le pays une sorte de répulsion superstitieuse contre le noble sang de Marie-Thérèse ; il semblait qu’il ne pût être qu’infortuné dans notre France et lui porter malheurs et calamités.

Une objection plus rationnelle se présentait aux esprits sérieux ; c’est l’inconvénient des mariages multipliés entre les mêmes familles.

La fille de l’archiduc Charles, chétive et maladive, ne donnait pas l’espoir de se soustraire à la morbide influence de ces unions. On devait prévoir qu’elle ne soutiendrait, ni dans l’aspect ni dans la santé de ses enfants, la belle race de la famille d’Orléans.

Ces considérations m’avaient empêchée de souhaiter le succès de la négociation entamée à Vienne et de donner un soupir à son insuccès.

Toutes les relations qui nous arrivaient de la princesse Hélène la disaient accomplie ; et j’avais grand empressement d’en juger par moi-même.