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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/242

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LE MARIAGE DU DUC D’ORLÉANS

carrefour pour être harangués par les maires de toutes les communes trompèrent les prévisions. Il était près de huit heures lorsque le cortège se montra à la grille du château.

Il était convenu que le Roi viendrait au-devant de la princesse jusqu’au haut du grand perron et que la Reine, entendant du bruit, sortirait, comme par hasard, de ses appartements pour la rencontrer dans le vestibule. Mais les affections du cœur sont trop réelles dans la famille royale pour ne pas faire oublier les lois de l’étiquette et Roi, Reine, princesses, tout le monde se précipita sur le perron pour voir plus tôt la fille et la sœur qui leur arrivait.

Monsieur le duc d’Orléans avait fait ouvrir sa portière, tandis que les voitures marchaient encore, et se trouva à celle de la princesse Hélène pour lui donner la main ; mais elle franchit les marches d’un pas si rapide, si empressé, qu’à peine s’il put la suivre ; elle se prosterna aux pieds du Roi et de la Reine avec une grâce et une dignité inimitables.

« Ma fille ! ma chère fille ? » dirent-ils tous deux en la pressant sur leur cœur ; et, dès ce moment, elle fut à eux et partie intégrante de cette famille si unie.

Elle passa des bras du Roi et de la Reine dans ceux des princesses ses sœurs, et, après les politesses faites à la grande-duchesse dont la tendresse maternelle ne se plaignait pas d’avoir été oubliée un instant, on entra dans le palais.

Cette entrevue en plein air et au milieu d’un concours immense de spectateurs de toutes les classes fit un très grand effet. Tout le monde s’identifia aux sentiments de la royale famille. Beaucoup de larmes d’attendrissement furent versées, et, le lendemain encore, on ne racontait pas cette scène sans émotion.