avait négligé d’inviter une personne qui lui était chère. Il prétexta les affaires pour retourner à Paris. Madame Molé fut obligée de le suivre.
Me voici donc installée à Fontainebleau dans un assez vilain petit logement où je remplaçai monsieur Guizot. Je ne tardai pas à y recevoir des visites. On me mit au courant des détails que je viens de rapporter, et je trouvai les impressions très favorables à notre jeune princesse.
Pendant ce temps, on déballait mes bijoux ainsi que les élégances compatibles avec mon âge ; et, parée plus que je ne l’avais été depuis bien des années, je descendis au salon dit de Louis XIII où je trouvai une grande réunion de femmes brillantes d’or, de perles et de diamants. Tout le monde avait fait de son mieux pour être superbe.
À ce voyage, les hôtes ne franchissaient plus ce salon ; la salle du trône et le salon de famille étaient exclusivement réservés aux princes. Ainsi en avait décidé le roi des Belges qui apporte toujours à notre Cour l’étiquette étroitement germanique de la sienne.
Il exerce sous ce rapport une influence extrême, et, pour qui la connaît bien, on voit facilement la gêne qu’éprouve notre Reine, entre la crainte de déplaire au mari de Louise et l’inquiétude de blesser les personnes accoutumées à des formes d’une plus grande aménité.
La reine Louise a été obligée d’adopter les habitudes de son mari, mais elle les tempère par la bonne grâce de ses formes personnelles. Néanmoins, la raideur commence à la gagner, et cela est inévitable.
Rangées sur nos tabourets, après nous être examinées et probablement critiquées réciproquement, nous commençâmes à médire de l’innovation de cette étiquette