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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Elle remarquait le luxe et les magnificences personnelles dont elle était entourée suffisamment pour témoigner de sa reconnaissance aux soins qui les lui avaient préparés, comme en étant flattée, mais non point étonnée.

Bien différente en cela de Marie-Louise, qui, toute fille des Césars qu’elle était, avait reçu les splendeurs impériales des cadeaux de Napoléon avec une joie de parvenue, la princesse Hélène paraissait se considérer comme appelée à porter ces superbes parures et à s’entourer de ces recherches, aussi riches qu’élégantes, sans en éprouver le plus léger étonnement.

La maison de Mecklembourg est accoutumée à donner des souveraines aux plus puissants trônes de l’Europe, et notre princesse ne l’avait pas oublié.

Après le dîner, on se tint dans le salon de Louis XIII jusqu’au spectacle. Les princes y distribuèrent leurs politesses et leurs obligeances, avec un peu moins de banalité que dans leur passage avant le dîner. Madame la duchesse d’Orléans montra son instinct de princesse en reconnaissant les personnes qu’elle avait vues la veille à la cérémonie de son mariage.

Ses prévenances les plus marquées étaient pour le duc de Broglie et sa famille, témoignant ainsi de sa gratitude pour l’ambassadeur chargé de sa conduite.

Toute la Cour se rendit au spectacle. Hors le premier rang de loges, la salle était déjà remplie ; la famille royale y fut reçue avec acclamation.

Madame la duchesse d’Orléans, avec son tact accoutumé, se montra, sans affectation, de manière à satisfaire la curiosité du public. Pendant le premier entr’acte, elle resta debout en avant dans la loge royale, causant avec monsieur le duc d’Orléans de l’air le plus simple et le plus décent.