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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/310

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MORT DE LA DUCHESSE DE WURTEMBERG

comptait faire suivre à la princesse pendant le voyage eurent l’avantage de rendre la séparation moins déchirante pour sa famille.

Une fois qu’elle eut consenti à se rendre en Italie, la duchesse de Wurtemberg témoigna un si vif empressement de partir que, l’arrivée de la reine des Belges ayant retardé son voyage de quarante-huit heures, elle ne put lui cacher la contrariété qu’elle en éprouvait et reçut presque froidement cette chère moitié d’elle-même.

Tous les siens l’accompagnèrent jusqu’à Fontainebleau. Elle en prit congé amicalement, mais très calmement, leur donnant rendez-vous pour l’automne suivant dans ce même palais de Fontainebleau. Toutefois, en embrassant la reine des Belges, elle lui dit très bas : « Louise, ne m’oublie jamais. »

Ce fut la seule circonstance qui pût donner lieu de croire que son air enjoué était feint.

Le Roi, en remontant le perron après l’avoir mise en voiture, ne put retenir ses larmes. La Reine alla cacher son trouble au pied de la croix, son refuge ordinaire, mais elle conservait plus d’espérance que le Roi.

Le voyage s’accomplit assez heureusement. Le médecin allemand envoyait chaque jour un bulletin scientifique où on ne comprenait pas grand’chose. Le prince, suivant en cela la volonté de sa femme, mandait qu’elle allait mieux ; elle-même le confirmait par quelques lignes.

Enfin une longue lettre de sa propre main, écrite d’une des villes de la rivière de Gênes, sous l’influence du beau ciel, de la belle mer, des beaux sites, dont l’aspect avait réveillé ses impressions d’artiste, porta la joie dans les Tuileries.

Mais, à peine arrivée à Gênes, le temps se gâta, et ce besoin de locomotion, triste et dernier symptôme des maladies de poitrine, se fit de nouveau sentir.