fausseté et qu’en poussant l’indulgence au delà des bornes ordinaires elle passe pour haineuse.
Pendant le jugement des ministres de Charles x, je me rappelle qu’un soir, où l’on était fort inquiet, le maréchal Gérard, qui n’a jamais manqué une lâcheté, établissait le danger qu’il y aurait pour le Roi de chercher à sauver monsieur de Polignac, Mademoiselle lui répondit d’un ton que je n’oublierai jamais : « Eh bien, maréchal, s’il le faut, nous y périrons. » Sa figure, ordinairement commune, était belle en ce moment.
Je lui dois la justice qu’elle sait écouter la vérité, même lorsqu’elle lui déplaît, non seulement avec patience, mais avec l’apparence de la reconnaissance. Je ne la lui ai pas épargnée dans maintes circonstances et, quoique nous n’ayons peut-être pas ce qu’on appelle du goût l’une pour l’autre, elle ne m’en a que mieux traitée.
Je reviens au 1er août. Mademoiselle me chargea de ramener madame de Valence et ses petites filles. Nous montâmes toutes quatre avec monsieur Arago dans la voiture qui m’attendait. Je m’étais assurée la protection spéciale des princesses pour le duc de Raguse, dans le cas où il se trouverait en avoir besoin, et Arago avait raconté sa visite à l’état-major, dans tous ses détails, à madame de Montjoie chez laquelle il était resté pendant mes visites aux deux belles-sœurs.
Arrivés à la barrière, je me séparai de mes compagnes et je me rendis directement chez Pozzo.
Il avait du monde dans son grand salon ; je le fis demander. Il vint au-devant de moi dans la pièce qui précède. Je lui dis : « J’arrive de Neuilly, et je suis chargée de vous remercier de votre bon vouloir dont on est fort reconnaissant. »
Je trouvai un homme tout changé de la veille, empê-