CHAPITRE ii
Il est temps de peindre plus en détail nos hôtes. Le caractère du chevalier Legard figurerait admirablement dans un roman.
C’était un composé de ce qu’il y a de plus disparate. Né avec l’esprit le plus fin, le goût le plus délicat, l’imagination la plus vive, le besoin de toutes les communications intellectuelles, il avait passé, par goût, toute sa jeunesse dans la retraite d’une gentilhommière du Yorkshire avec les associés les plus vulgaires. Il y avait contracté les habitudes d’une tyrannie domestique dont sa femme était la première victime. Il lui faisait porter la peine d’un genre de vie dont elle était la cause bien innocente.
Madame Aston, mère de deux filles pauvres et d’un fils très riche, selon l’usage du pays, était une jeune veuve très sémillante à l’époque où sir John Legard, officier aux gardes, fit la cour à l’aînée des filles. Il n’y pensait plus guère lorsqu’il apprit que la seconde épousait monsieur Hadges et que l’aînée se tenait pour engagée avec