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CHAPITRE viii


Madame la duchesse douairière d’Orléans. — Monsieur de Follemont. — Monsieur le duc d’Orléans. — Mademoiselle. — Madame la duchesse d’Orléans. — Scène à Hartwell. — Monsieur le duc d’Orléans refuse une place à mon frère. — Monsieur de Talleyrand part pour le congrès de Vienne. — Madame de Talleyrand. — La princesse de Carignan. — Les deux princes de Carignan.

Aussitôt après la Restauration, madame la duchesse d’Orléans douairière quitta Barcelone et s’établit à Paris. Elle accueillit mes parents avec ses anciennes et familières bontés. Nous y allions souvent ; son âge ne laissait aucune place au scandale dont son entourage aurait pu faire naître la pensée.

Elle était totalement subjuguée par un nommé Rozet, ancien conventionnel, auquel elle croyait devoir la vie et qui l’avait accompagnée en Espagne. Il exploitait sa reconnaissance de toutes les manières et, sous le nom de Follemont qu’il avait pris, il était tellement le maître chez elle qu’on le dit son mari. Mais plus tard, nous vîmes surgir une petite vieille madame de Follemont dont il était l’époux depuis trente ans.

Quoi qu’il en soit, la princesse était complètement sous sa tutelle. Elle n’avait d’autre volonté que la sienne et le comblait de soins exagérés et puérils jusqu’au ridicule. Il était excessivement gourmand et elle s’inquiétait, tout à travers la table, de lui faire renvoyer la langue d’une carpe ou la queue d’un brochet. Elle lui arrangeait elle-même