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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome I 1921.djvu/387

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

cédemment été destinée à monsieur le duc de Berry. Cette alliance était au moment de se conclure à Vienne pendant le séjour que la reine de Naples y fit avec ses filles. Mais monsieur le duc de Berry, alors amoureux d’une des demoiselles de Montboissier, se permit des plaisanteries inconvenantes et publiques sur le peu d’agrément qu’il trouvait à la jeune princesse. Ces propos arrivèrent à la Reine. Elle lui écrivit une lettre de dignité, de noblesse et pourtant de bonté pour lui, dans laquelle elle retirait sa parole et rompait tous les engagements pris pour sa fille. Elle en envoya la copie à ma mère ; je l’ai lue plusieurs fois.

Je n’ai aucun détail positif sur ce qui s’est passé en Sicile après le mariage de monsieur le duc d’Orléans. Je sais seulement que ma mère y assista et que, monsieur de Follemont ayant réussi à la brouiller avec toute sa famille, elle retourna avec lui à Barcelone.

Il y eut des querelles entre les Anglais et la Cour ; les Siciliens prirent parti. La Reine fut mécontente de son gendre ; il dut quitter le palais et se retirer à la campagne avec sa famille. Bientôt après, les Anglais eurent lieu de penser que la Reine négociait avec l’empereur Napoléon pour les exterminer dans l’île et renouveler les Vêpres Siciliennes. Je ne sais quel degré de confiance il faut attacher à cette accusation, mais elle servit de prétexte pour faire expulser la Reine de la Sicile. Elle conçut le projet de se rendre à Vienne par Constantinople et mourut en route avant d’y arriver. La nouvelle en parvint au moment même où monsieur le duc d’Orléans installait sa famille au Palais-Royal.

Madame la duchesse d’Orléans voulut bien conserver le souvenir de nos rapports d’enfance et m’accueillit avec une bonté qui renouvela l’affection que je lui portais et qui, depuis, s’est accrue chaque jour, en lui voyant exer-