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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

— Ah ça, tu m’impatientes avec tes énigmes ; voyons, que veux-tu dire ?

— Mais monsieur le comte, le prince de Chio, c’est Gros-Guillot.

— Qu’appelles-tu Gros-Guillot ?

— Mais Gros-Guillot, je ne conçois pas que monsieur le comte ne se le rappelle pas… il est pourtant venu assez souvent travailler au château… Gros-Guillot qui habitait la petite maison blanche près du pont… et puis son fils… ah ! monsieur le comte ne peut pas avoir oublié petit Pierre, qui était si gentil, si éveillé, celui que Madame la comtesse voulait toujours pour tenir la bride de son âne… ah ! je vois que monsieur le comte les remet bien à présent. Moi je les ai reconnus tout de suite, et Gros-Guillot m’a bien reconnu aussi. »

Monsieur de Maurepas imposa silence à son homme ; mais une fois sur la voie, on découvrit promptement que les héritiers de l’empire d’Orient étaient tout bonnement deux paysans du Berry qui mystifiaient à leur profit le roi de France, son gouvernement et sa Cour depuis plusieurs années. Comment avaient-ils conçu cette idée, d’où venaient-ils, où sont-ils allés ? Je l’ignore absolument, je ne sais que cet épisode de la vie de ces deux intelligents aventuriers.