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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/118

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CHUTE DE LA MONARCHIE D’ORLÉANS

fiance. Ils rentrèrent ensemble dans le cabinet, se donnant le bras.

Je ne sais pas comment la séparation de la famille se fit. Le Roi, la Reine, madame la duchesse de Nemours et ses enfants, la princesse Clémentine et les siens, le duc de Montpensier, sortirent par le jardin. Tous s’empilèrent dans deux petites voitures qu’on avait fait arriver dans la place Louis XV. Madame de Dolomieu les accompagnait.

Ils suivirent la route de Saint-Cloud, où ils ne restèrent que le temps nécessaire pour faire atteler une grande berline sans armes, et prendre le chemin de Mantes. Monsieur le duc de Montpensier était tellement pressé de partir qu’il ne leur laissa pas un moment de répit.

Madame de Dolomieu, revenue de Saint-Cloud à Paris, m’a raconté ce double départ ; mais elle-même était dans un tel état de trouble qu’elle ne se rendait pas bien compte de tous les détails.

Madame la duchesse d’Orléans retourna dans son appartement auprès de ses enfants. Je ne sais rien de particulier sur la manière dont elle en sortit. J’ai su seulement que le général Bedeau, chargé de garder le pont Louis XVI, après avoir laissé passer la princesse et son cortège, avait eu soin de ne point s’opposer à la marche des émeutiers qui, en envahissant la salle des députés, vinrent la mettre en joue et la forcer à se retirer.

À la vérité, peu de minutes avant, ce même général Bedeau avait laissé la populace égorger les gardes municipaux jusque sous le poitrail de son cheval, sans faire aucun effort pour les sauver. Je n’ai jamais compris que le parti orléaniste ait voulu faire un de ses coryphées de ce général.

Le maréchal Bugeaud, plein de tristesse et d’énergie, quitta le château des Tuileries en grand uniforme, à