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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

la présence de l’officier commandant, qui a fait mettre plusieurs de ces messieurs aux arrêts ont fait cesser le vacarme, pas assez cependant pour qu’il n’ait pas fait de bruit toute la nuit de manière à empêcher que j’eusse le moindre repos. Heureusement que tout le régiment s’est mis en marche ce matin et que nous en sommes débarrassés. — La grande nouvelle me fait bien plaisir, mais, comme papa, je mets celle du courrier en quarantaine ; nous n’en aurons la confirmation que demain car, aujourd’hui, il n’y a point de lettre de Londres. — Vous ne me dites pas, ma chère maman, si vous avez craché du sang ; j’espère que ce silence est de bon augure. — Croyez-vous m’étonner par ce que vous me mandez de madame de Crussol ? Ne sais-je pas bien que l’injustice est la vertu dominante de ces dames. Je suis bien plus fâchée du bavardage de monsieur de Montaigne qui expose notre intéressante amie à apprendre un malheur, qui n’existe peut-être pas, d’une manière si dangereuse pour elle.

Adieu, chère maman. — Papa, vous occupez tous les instants de ma vie. — Je remercie l’abbé de son souvenir. — Si vous voyez les lady Hamilton’s give them my very best love. — J’ignore si nous passons à bord du Dolphin, mais je le crois : en ce cas, nous ne partirons que jeudi au plutôt.

Merci, mon cher Rainulphe, de ton petit mot qui m’a prouvé que tu pensais à ta pauvre sœur qui est bien occupée de toi, je t’assure. La vie que je mène à présent est trop monotone pour que j’aie grand chose à te dire, mais, quand j’aurai vu quelque chose d’intéressant, tu peux compter que je t’en rendrai compte. Maintenant, je me borne à t’embrasser bien tendrement. Adieu, mon ami.