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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/158

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CORRESPONDANCE

lettre, dit-on, ne peut partir que mardi. J’espère que maman m’aime assez pour n’être pas inquiète. — Adieu encore. Hélas ! quand vous embrasserai-je ?…


lundi 2

Je n’avais que trop bien calculé ; je n’ai pas de lettre et je serai sur les charbons jusqu’à ce que j’aie des nouvelles de maman à qui je voudrais bien que la lettre que j’écrivis la veille de mon départ de Yarmouth ne fût jamais parvenue : si j’eusse cru qu’il fût aussi prochain, elle ne fût pas partie. — D’après mes réflexions de cette nuit, je me suis décidée à répondre avec empressement aux moindres avances que me feront les françaises ici. Mon séjour, à ce que j’espère, sera trop court pour que cela puisse avoir aucun inconvénient et il vaut autant être vantée qu’honnie ; d’ailleurs, j’ai bien des raisons pour choisir ce parti-là. La lettre au baron est de madame de M. ; j’imagine que j’y suis peinte en vilaine couleur… au surplus, il me semble qu’il doit la connaître et sans doute mettre en quarantaine ce qu’elle avance. Au surplus, il me semble qu’on s’est bien trouvé du plan qu’on a suivi à Londres et, si l’on ne possède pas les suffrages, ce ne sera pas faute de les acheter, et je ne doute pas que cela ne continue à donner des partisans. Il est clair qu’on voudrait être bien pour moi, mais chassez le naturel, il revient au galop ! et ce que nous avions prévu sur le compte du saxon est arrivé : à bon entendeur, salut ! — J’ai été ce matin me promener sur les remparts, c’est-à-dire je suis montée dans une espèce de coche, assez commode pourtant, dont un froid exécrable m’a forcée à lever toutes les glaces qui, en peu d’instants, ont été complètement gelées, de manière qu’après avoir passé deux heures en voiture je suis rentrée ne connaissant que la doublure du carrosse.