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CORRESPONDANCE

gaie, mais the old lady me plaît beaucoup. — Adieu, ma bien chère maman ; l’heure me presse. — Je n’ai pas encore de lettres de vous ; il y a quatre malles de dues, c’est désolant. — Aimez-moi toujours, mes adorés amis ; j’espère que je suis digne d’un sentiment qui fait mon bonheur et ma gloire.


Altona, dimanche 21.

Il est donc écrit, mon excellent papa, que je n’aurai jamais le bonheur de recevoir des nouvelles d’Angleterre. Pays chéri ! Ah ! mes amis, quel sort cruel que le mien d’être éloignée de vous et de ne pouvoir pas même savoir de vos nouvelles. Comment est ma pauvre maman ? Qu’est devenu votre rhume ? Ah ! mon Dieu, mon Dieu ! Que l’absence est une cruelle chose, surtout dans ma situation ! — Le froid est si excessivement rigoureux que j’en suis tout à fait malade. J’ai été hier à la Comédie, comme je vous ai mandé que je devais le faire, et je m’y serais assez amusée s’il y avait fait moins froid ; jy ai vu madame Cockburn qui a quitté sa loge pour venir se mettre avec nous dans le stage box ; elle m’a paru horriblement changée et son mari a l’air d’un palefrenier ; si les éclats de rire qu’on m’a dit qu’il a fait sur les tricks de Monsieur le Prêtre, qui le mariait à la chapelle catholique sont véritables, cela ne donne pas une bien haute idée de son esprit. — Vous avez vu par mes dernières lettres que lady Webb et moi nous sommes inséparables ; elle m’est assez commode et probablement je la lui suis aussi. Je suis étonnée de son extrême légèreté ; si je m’intéressais à elle, cela me ferait trem-