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CORRESPONDANCE

dant ne nous promettent rien d’agréable. Dis à papa que je lui écrirai d’Odense et que je lui manderai ce que je saurai relativement à notre passage. — Sais-tu bien, mon cher frère, que je n’ai rien pu trouver à Hambourg à t’envoyer que ce jeu de jonchets que l’on m’avait fort vantés mais qui m’ont paru assez laids : je crains bien qu’ils ne te fassent la même impression. Je te prie, ainsi que monsieur l’abbé, de manger du bœuf fumé à votre lunching et de boire un verre de Porto à ma santé. Je te prie aussi, mon ami, d’embrasser bien tendrement pour moi madame O’Connell, Aimée et même mademoiselle Célénie, dussiez-vous en rougir tous les deux. — J’espère savoir par toi des nouvelles de Céva. Vas voir Lessé et demande-lui si Tarina se porte bien et si elle est en bon état. Mandez-moi tout cela ; mandez-moi surtout si maman est bonne fille, si elle mange, si elle dort, si elle est raisonnable, et, en tous cas, caresse-la bien pour moi et mets toi bien souvent (à mon intention) sur les genoux de notre adoré papa. — Adieu, mon enfant chéri, reçois les caresses bien tendres d’une sœur qui ne désire vivre que pour toi. — Mille choses au bon Zéqui ; je suis sûre qu’il pense à moi bien souvent. Bonsoir, mon ami ; je suis bien fatiguée et à moitié endormie : je vais me mettre dans mon lit et cela sans souper pour la meilleure raison du monde : il n’y a rien à manger, pas même du pain.



Odense, mardi 14 janvier.

Je mandais à mon frère l’autre jour que je vous écrirais d’Odense. Hélas, mon cher papa, je crains bien que vous receviez plus d’une lettre d’ici, car il me semble à peu près impossible de passer le grand Belt. Des passa-