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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/280

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CORRESPONDANCE

l’heure de la poste, mais, alors, cela ne ferait que le retard d’un jour. Je m’y perds. En tout cas, si elles sont perdues, c’est un léger malheur, car elles ne contiennent que du rabâchage fort peu intéressant, et l’inquiétude qu’exprime maman est le seul inconvénient qui puisse en résulter. Celui-là est assez majeur pour que je ne néglige aucun soin qui puisse assurer la régularité de notre correspondance. Il me sera moins difficile de calculer les moments dans quelques jours, parce que nous aurons mercredi une fort jolie maison à Bognor, dans le même bow que celle de la duchesse de Devonshire et de lady Bective dont, par parenthèse, je n’ai point entendu parler et à laquelle je ne ferai de politesses que celles que j’aurai à rendre. — L’impossibilité d’avoir un piano me console beaucoup de l’absence des Sapio. Si j’avais pu me procurer un instrument, j’aurais cherché à les attirer ici, c’eût été une ressource dans la solitude où il est probable que je passerai encore quelques semaines, pas beaucoup cependant, j’espère, car c’est à avaler sa langue. — Le changement de temps a mis fin à la promenade en sociable. J’ai monté Carina trois fois et elle s’est très bien conduite, mais le déluge dont le ciel nous fait cadeau depuis quatre jours l’a fait rester à l’écurie et moi dans ma chambre. — Maman me mande que vous avez reçu des lettres qui vous rappellent à Londres : j’aimerais savoir ce que c’est, si vous le trouvez convenable. — Adieu, mon bon et cher papa ; je vous embrasse aussi tendrement que je vous aime. Et Rainulphe donc, croyez-vous que je l’oublie ? Ah non, le cher enfant ! je le presse contre mon cœur.