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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/288

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CORRESPONDANCE

me les envoie par la même occasion. — Rainulphe m’a écrit hier une lettre charmante à laquelle je vais répondre incessamment. Embrassez-le pour moi ainsi que mon adoré papa. J’espère que le trio, en se réunissant, trouvera qu’il lui manque quelque chose.



Hothampton Crescent, lundi.

C’est à ton aimable lettre, mon cher Rainulphe, que je veux répondre aujourd’hui. Je t’en ai adressé plusieurs depuis quelque temps, mais le contenu n’était pas pour le bonhomme. Je suis bien aise que tu aies prévenu les reproches que je te faisais la dernière fois que j’ai écrit à papa et, puisque tu attaches assez de prix à mes caresses, il serait bien injuste de te les refuser. Oui, mon ami, je te presse contre mon cœur, un cœur qui, je m’en flatte, battra toujours à l’unisson du tien. Ah, mon frère, ne trompe pas ma tendresse ; cherchons à imiter les vertus de parents si justement adorés, et soyons toujours unis en dépit des revers de la fortune ! Quelques années que j’ai de plus que toi me donnent des droits que je ne veux jamais perdre, et la certitude que mon tendre attachement me fera toujours penser à ton intérêt me continuera les droits maternels que je réclame. Quiconque verrait ce que j’écris à un enfant de treize ans me croirait folle ; mais ces gens-là ne connaîtraient ni le cœur ni la raison de mon Rainulphe, et c’est à eux que j’en appelle pour autoriser mon bavardage qui, je m’en aperçois, devient un peu trop sérieux. — Je suis charmée de ce que papa me mande de ton application ; il ne te manque que cela, mon ami. Je te prie de ne pas oublier le troisième acte d’Iphigénie avant mon retour ; la scène