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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/41

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

douleurs était partagée par madame la duchesse d’Orléans. La santé de celle-ci, à la grande surprise de tous, semblait se fortifier.

La première impression de la famille entière, me disait Madame, avait été que « la pauvre Hélène périrait sous le coup ». On avait été presque étonné de la voir arriver vivante à Neuilly.

Cependant elle ne s’épargnait rien. Son courage était exploité par sa douleur, et le petit comte de Paris lui retournait sans cesse le poignard dans le sein, par ses discours enfantins. Au jour des funérailles, lorsque le canon proclama l’arrivée du corps à Notre-Dame, ce bruit, trop bien prévu, provoqua cependant une explosion de douleur de la part de la princesse. L’enfant était présent.

Accoutumé à voir recourir à son père dans toutes les difficultés, il se mit à crier de toutes ses forces : « Papa, papa, appelez papa, allez chercher papa ; maman a du chagrin, maman se trouve mal. »

Elle se trouvait mal, en effet, car un nouvel évanouissement, assez prolongé pour alarmer, suivit cette pénible scène.

Peu de jours après, madame la duchesse d’Orléans fit appeler le valet de chambre allemand de monsieur le duc d’Orléans, qu’elle savait désespéré. Lorsque ses enfants rentrèrent chez elle, elle demanda à l’aîné :

« Paris, as-tu vu ce pauvre Bechre ?

— Oui, maman, il est venu chez nous. »

Puis, après un moment de silence, employé probablement à réfléchir qu’il voyait toujours Bechre dans l’appartement de son père, l’enfant se rapprochant de sa mère lui dit : « Mais, maman, pourquoi mon papa n’a-t-il pas de chez lui ici ? »

La pauvre princesse ne put que serrer sur son cœur